Gymnastique et connexions


La Brain Gym, ou Gymnastique des Neurones, regroupe une série de mouvements mis au point dans les années 70 par monsieur Paul Dennison et madame Gail Dennisson .
En ultra-résumé, ces mouvements sont censés faciliter le développement de nouvelles connexions neuronales, et donc rendre ses adeptes, (et même ses pratiquants sceptiques, c'est dire si ça marche bien) plus créatifs.

Le cross-crawl par exemple consiste à toucher son genou droit avec son coude gauche puis son genou gauche avec son coude droit. Le tout en regardant devant soi, et sans se casser la figure.

Ca me semble être un marché avantageux: faites un peu de gym douce, et vous pouvez échanger un baril de cerveau morne et vide contre un baril de beau cerveau vif et lumineux. Qui dit non?

Et pourtant,à ce jour aucune personne à qui j'ai parlé de la Brain Gym (et je parle beaucoup et à beaucoup de gens) n'a eu une réaction du type: "ça a l'air génial, dis m'en plus, je vais essayer!"

Je trouve ça fou!

Parce que, imaginons que ça ne marche pas du tout, et que gigoter sa main droite et son pied gauche, puis l'inverse, en synchro 37 fois par jour n'impacte pas directement la structure de votre cervelle.
Eh bien je pense que quelqu'un qui est capable de faire le guignol 10 minutes entre sa douche et ses cornflakes en espérant qu'il va devenir plus créatif va forcément s'efforcer de réfléchir de façon plus créative dans la journée qui suit. Et que ce soit le résultat d'un effet placebo ou pas, qu'importe après tout.

Pour en savoir plus sur la Brain Gym http://www.braingymfrance.org/BGF/

2A . Jean Sidobre

Le premier livre que j'ai lu toute-seule-comme-une-grande a été un Oui-Oui, d'Enid Blyton.

Je le gagnais à l'issue d'un pari ayant pour objet le nombre respectif de bosses du chameau et du dromadaire
Je détenais un avantage certain sur mon adversaire (en l'occurence ma maman) puisque que je venais d'apprendre à l'ecole que, attention il faut suivre:
" Comme le dromadaire il a le "d" de "deux" dans son nom, il n'a qu'une bosse, alors que le chameau qui n'a pas le "d" de "deux" il a deux bosses."
La logique inverse et égalitaire de cette astuce mnémotechnique me ravit encore aujourd'hui...
Bref.

Je nourrissais à l'époque une grande passion pour les livres-cassettes que je lizécoutais sur mon Fisher Price marron-magnifique (qui est à la couleur ce que le poisson panné est à la gastronomie).
J'en demandais donc un, en gage de reconnaissance de mon éclatante supériorité culturelle générale.

Par un concours de circonstances encore obscures aujourd'hui, j'eus en place du livre-cassette, initialement demandé, un Oui-Oui.
Le début de mon histoire d'amour avec la lecture silencieuse, la bibliothèque rose, et les auteurs anglais.

Au bout de trois tomes, je décidais qu'il était temps pour moi de passer à de plus sérieuses lectures, et optais désormais pour le Club des Cinq, du meme auteur.

Entre les coupes de cheveux, celles des vêtements et l'arrivée du fluo, les années 80 ont été dures, esthétiquement parlant.
Mais nos Clubs des Cinq étaient illustrés par Jean Sidobre.

Ce que j'aime chez Sidobre c'est que tous les personnages sont toujours dynamiques, en mouvement, même quand ils ne font rien de spécial...

01.R . La tentation du Gros Pull rouge

ou Le livre à sa Couverture

Il est des matins où mon horloge interne ultra-performante me trahit et laisse le soin à l'alarme de mon téléphone de m'extirper des limbes du sommeil.
Or ma Tortue exècre les reveils en fanfare. Ca la rend toute grognon.
Ce qui me rend toute chonchon.

Dans ces cas là, j'ai souvent envie de porter mon Gros Pull rouge.
Qui est très doux, très confortable et qui me donne une absence d'allure folle.
Quand je le porte, je revendique mon droit à l'impermanence de ma merveillosité, et,
En clair je demande qu'on me fiche la paix jusqu'à ce que j'aie fini mon boudin, et que ma Tortue soit dans de meilleure disposition.


Et il y a de grandes chances pour que l'on me fiche effectivement la paix.

Parce que
contrairement aux livre, on ne peut pas ouvrir les personnes pour voir leur intériorité cognitive.
Donc, on est jugé sur notre apparence exterieure.
eh oui, c'est comme ça.

Même si on admet que mon entourage, par un charitable acte de foi et un grand accès d'abnégation, soit en mesure d'envisager le fait que je vais redevenir vivable sous peu, et me pardonne une ponctuelle mauvaise disposition, il me semble tant injustifiable que vain de faire cette demande à des éloignés.

Car après tout, il faut avoir une certaine perspective pour imaginer qu'une personne est plus que ce qu'elle semble etre à un instant T, pour voir une Belle âme sous l'enveloppe de la Bête bougonne.
Et quand on rencontre quelqu'un pour la première ou presque première fois, on n'a pas à disposition la quantité d'information nécessaire pour re-qualifier un état permanent en état ponctuel.

Donc, quand je cède à la tentation du Gros Pull Rouge, je m'abandonne à un accès d'égocentrisme où je suis seule référente de ma valeur propre.
Des fois, ça fait du bien.
Ca marche aussi avec le chocolat.

Notons en passant ce que dit Oscar Wilde:
"It is only shallow people who do not judge by appearances.
The mystery of the world is the visible, not the invisible."

01D. Piaget . l'intelligence pré-opératoire

Je trouve cette vidéo fascinante. J'aime surtout la dernière expérience, avec les gâteaux...


Il m'est impossible de me rappeler le stade de mon développement cognitif durant lequel j'aurais eu la conviction que deux moitié de Petit Beurre équivalent à deux Petits Beurre... et pourtant.
Depuis Jean Piaget on sait que l'acquisition des notions de conservation de la matière, et des quantités numérique ne se fait que vers 7-8ans.

Il faut donc nourrir sa Tortue pendant 7 années pour réaliser que 5 pièces réparties sur 50 cm sont numériquement identiques à 5 pièces étalées sur 20 cm....
Ca semble incroyablement long non?
Quelle adulte serait prêt à consacrer sciemment 7 années de sa vie à maitriser une technique, un savoir-faire?

Pour ma part, ce que j'en retiens, c'est qu'il existe des moment de notre vie où on n'est juste pas prêt à trouver des réponses aux questions qu'on se pose, parce que notre Tortue n'a pas été assez nourrie, notre structure cérébrale n'est pas assez développée.

D'ailleurs il y a des moments de notre vie où on n'est même pas en mesure de concevoir ni d'énoncer les questions dont la réponse nous permettrait d'avancer.

J'ai dessiné la seconde petite fille. Je trouve super chou le moment où la confiance, l'interrogation et l'amusement se mélangent dans son regard.
"L'acquisition d'une information se traduit par une "perturbation" qui va entraîner chez l'individu un "déséquilibre" du champ cognitif et exiger un travail de synthèse pour assimiler, intégrer, critiquer, admettre, ajouter cette nouvelle dans un champ cognitif alors enrichi."
Jean Piaget 1896-1980 http://www.archivesjeanpiaget.ch

01A. l'illustratrice Boiry

Pendant longtemps les livres ont été la principale nourriture de ma Tortue.
Petite, je les préférais:
-anglais (traduits à cette époque),
-d'aventure et/ou de suspens,
-non abrégés et
-le plus épais possibles.

Et tant mieux si ils m'arrivaient entre les mains après avoir baroudé un peu au gré des lecteurs précédents: les pages cornées, tachées, et fleurant bon le grenier m'étaient plus précieuses que celles des éditions neuves, parce que l'appréciation présupposée des précédents propriétaires, rejoignant celle que j'éprouvais tandis que je parcourais les lignes, dévorais les paragraphes et engloutissais les chapitres nous unissait dans une complicité qui transcendait celle du plaisir finalement bien solitaire de la lecture.

Je confesse sans honte, mais pas sans amusement rétrospectif, que je ne prêtais alors aucune attention aux images accompagnant les récits.
Jusqu'à ce livre de Frances H. Burnett, traduit par Jeanne Fournier-Pargoire, publié dans la Collection Bibliothèque Rose d'Hachette et surtout, surtout... illustré par Boiry,


Princesse Sarah

Et pour la première fois je vis les illustrations.
Et quelles illustrations!
Encore jusqu'à ce jour, j'aime tout du travail de Boiry: la délicatesse de son trait, ses compositions audacieuses mais pas tapageuses, le travail subtil des textures, le charme discret des personnages qu'elle met en scène.

Pour moi ce sont des illustrations qui démontrent d'un vrai savoir-vivre. On dit le style anglais. C'est sans doute parce que les images se comportent avec confiance, sobriété et distinction: elles ne clament pas de façon outrancière qu'elles complètent le texte, parce que ce serait alors impliquer que le texte est incomplet.
Non, elles accompagnent, avec une discrète élégance qui les rend délicieuses, un récit qui pourrait se suffire à lui-même, et qui pourtant, après leur avoir été associé, semble nu si on le retrouve seul.
Un bel exemple de synergie en somme...

Voici donc quelques images extraites du Princesse Sarah publié chez Hachette illustré par Boiry
Et je rajoute à l'album quelques autres images tirées de différents récits parus chez Bayard Presse.